🇪🇨Cuenca, ville étrange

Il y a un mois, je partais de France pour l’Équateur.

Aujourd’hui, un mois après, je rentre des Galapagos et mon but est d’arriver à Cuenca le même jour… C’est parti pour 16 heures de voyage!

Je me lève à 4h30 du matin, et je prends un minibus jusqu’au port. À 6h du matin, le speedboat se lance à l’assaut du Pacifique pour 2h30 de traversée jusqu’à l’île de Santa Cruz (la plus proche de l’aéroport). Pas de bol pour moi qui comptait somnoler en route, la mer est démontée et ça tape fort dans le bateau… Vers 8h30, je suis arrivé et je retrouve un de mes compagnons de croisière pour partager un taxi/pickup jusqu’au ferry qui sépare Santa Cruz de Baltra, l’île de l’aéroport. Après 40 minutes de trajet, on prend le ferry ensemble et on monte dans un bus pour (finalement) arriver à l’aéroport à 10h30. C’est l’heure idéale pour une saucisse-frites! (la version locale s’appelle salchipapa)

Mon avion est à 12h30 et je commence à avoir sérieusement sommeil, donc je change de siège toutes les 20 minutes pour me tenir éveillé. Je finis par m’effondrer dans l’avion non sans avoir - à regrets - jeté un dernier coup d’oeil aux Galapagos par le hublot… Je me réveille juste à temps pour le plateau repas (youpi) et j’atterris à Guayaquil à 15h45.

Je me renseigne un peu pour les bus, et après avoir marché quelques dizaines de mètres pour me débarrasser des taxis comme toujours insistants, j’avise un gars qui ferme la porte de son van:
“- C’est bien par là, la gare de bus?”
“- Oui, mais tu vas où comme ça?” (traduire: qu’est ce que tu fous ici à marcher au milieu de nulle part)
“- Cuenca”
“- Moi aussi, si tu veux on se serre et on te fait une place. Je pars maintenant.”

Jésus Marie Joseph, c’est mon jour de chance. Mon cerveau réfléchit à 100 à l’heure: je suis fatigué, c’est dans ce genre de situations que les emmerdes arrivent, ne nous précipitons pas. Je jette un coup d’oeil dans le van, il y a bien 6 personnes, et c’est toute une famille, avec les grands parents et les gamins. Il y a un autre mec sur la banquette avant qui a l’air aussi réveillé que moi, le chauffeur m’a l’air relativement honnête. Si je pars maintenant, j’arrive à Cuenca juste avant la nuit et j’ai plus de temps pour chercher un hôtel. Banco.

C’est un peu plus cher que le bus, je suis un peu serré, mais au moins on s’arrête pas tous les quarts d’heure pour monter ou descendre quelqu’un, et j’ai pas besoin de vérifier que mon sac reste dans la soute. Certes, la conduite du bonhomme est un peu “sportive”, mais il se signe devant chaque église donc ça devrait aller…

p7259568.jpg À 19h, je suis dans la banlieue de Cuenca, mais le gars rechigne à m’emmener dans le centre. Je hèle un taxi, sors mon guide et mémorise le plan vite fait, et à 20h30 je suis installé dans un hôtel au style délicieusement “rétro”. En fait non, le plancher craque à chaque pas, on se croirait dans Shining mais j’aime bien l’ambiance.

16h de voyage, mais j’ai réussi! Pour fêter ça, je m’offre un bon dîner avec du boeuf grillé (churrasco), généreusement arrosé de bières. Et pour le dessert, une glace mûre / menthe-chocolat. Miam :)

Le lendemain, je visite Cuenca mais je suis un peu déçu: c’est dimanche, tout est fermé, et il pleut. Les bâtiments coloniaux, certes jolis, sont gris et bien tristes. En gros, je m’ennuie et je sens des “mauvaises ondes”. Pour couronner le tout, le soir je rencontre un type bizarre qui veut pratiquer son français. Ma foi, pourquoi pas - le voyage c’est aussi les rencontres. Après l’avoir soupçonné de vouloir ou me voler ou me violer, il m’apprend qu’il est mormon. Enfin était mais il a tout plaqué pour vivre une vie libre, même si son “frère de coeur” lui envoie de l’argent pour vivre donc finalement il est pas si libre que ça. Son rêve c’est de travailler en France, mais avant il va aller à Curaçao pour travailler comme interprète sur un bateau de croisière. Comme en anglais il fait des fautes tous les 3 mots, et que son français se résume à “bonjour comment allez-vous” avec un accent déplorable, je lui souhaite bien du courage. Quand il m’a demandé ce que je pensais de la vie et de la mort, je me suis dit que Cuenca c’était vraiment une ville étrange et je suis rentré à mon hôtel. Tant pis pour l’histoire coloniale, la culture et la confiture, demain je m’en vais à Loja!

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