J’arrive à Loja, au sud de l’Équateur le 25 juillet en fin de journée.
Je n’ai pas trop récupéré et mon séjour à Cuenca m’a un peu déprimé, donc je décide de rester 2 nuits à Loja car le trajet en bus jusqu’à Piura, la première ville décente du Pérou, dure 9 heures.
Loja est bien plus sympathique que Cuenca: il y a des gens dans la rue, et il y fait bon (c’est plus proche de la jungle, ceci explique cela). Même si mon premier hôtel est sympathique, avec de l’eau chaude et Internet, il faut que je fasse attention à mon budget après les Galapagos - en plus de ça mon bus pour le Pérou est à 7h du matin, donc c’est pas la peine de dormir dans un palace. Au moins je suis sûr d’être réveillé tôt…
Malheureusement le soir en rentrant j’ai l’impression qu’il manque des sous dans ma réserve. J’ai du mal à définir combien (ça fait 3 jours que je n’ai pas fait mes comptes) - dans tous les cas, c’est 100$ maximum… Pourtant, rien d’autre n’a bougé dans mon sac. Je me pose des tas de questions (dans cet hôtel? dans celui d’avant? le réceptionniste? quelqu’un qui a un passe pour cadenas?). 100$, c’est pas grand chose, mais ici c’est 3 ou 4 jours de voyage, et par principe, c’est relou. Décidément, les mauvaises ondes me poursuivent - fuyons l’Équateur, ça fait trop longtemps que j’y suis!
Je prends donc le bus pour Piura, armé comme d’habitude de bananes, chips /
gâteaux secs et d’une grande bouteille d’eau. Il y a même des toilettes dans
le bus, je prends ça comme un bon présage. Après 5 heures de route, les
montagnes andines ont fait place à la forêt tropicale sèche (appelée forêt
tropophile , mes lecteurs naturalistes apprécieront) et on fait une petite
pause à Macara. Macara a ce charme des villes qui n’existent que parce qu’il y
a une frontière à côté: une station de bus avec son resto miteux, des
arnaqueurs de change qui veulent te faire croire qu’il n’y a pas de
distributeurs de billets au Pérou, et des gens qui ont tous l’air de se faire
chier ou d’être des trafiquants de drogue.
Quelques kilomètres plus loin on arrive au poste-frontière de La Tina. Premier arrêt pour avoir le tampon de sortie de l’Équateur, et deuxième arrêt pour avoir le tampon d’entrée au Pérou, dans une cohue qui n’a d’égale que le flegme des douaniers. J’ai bien aimé la frontière sur le principe du volontariat: si tu descends du bus et que tu demandes ton tampon, on te le fait, mais bon, personne te force vraiment à le faire. Je suppose que si on ne le fait pas, la sortie du territoire est un peu plus rock’n’roll…
Lorsque je me réveille quelques heures plus tard, on est au milieu du désert.
Et oui, si vous ne le saviez pas (comme moi), tout le long de la côte nord du
Pérou se trouve le désert de Sechura, un des plus arides au monde. Du sable,
des dunes, des baraques défoncées, et des ordures partout au bord de la route,
le tout avec une chouette odeur de poubelles. Quand le bus s’arrête à Piura,
j’ai l’impression d’être sur un autre continent, ça grouille de monde et de
mototaxis qui ressemblent à des rickshaws. Ça, c’est du dépaysement…
Mon planning original était de continuer sur Chiclayo le même jour, mais tous
les bus sont pleins (ou alors ils partent dans la nuit - heu oui mais non).
J’achète un ticket pour le lendemain matin et je m’installe dans une auberge
au confort spartiate mais qui fera bien l’affaire (je mets une petite photo
pour vous faire profiter du couvre-lit so sexy , surtout avec mes
chaussettes qui sèchent en arrière-plan). En consultant mon guide, je me rends
compte qu’il n’y a pas grand chose à faire à Chiclayo à part visiter des
ruines au milieu du désert. Mouais… On verra demain. En attendant je me
promène en ville et je découvre que c’est la fête nationale du Pérou. D’où les
bus complets et les prix gonflés dans les hôtels.
Le lendemain, c’est parti pour 4 heures de bus dans le désert. Je suis surpris par le bus, avec des sièges en cuir très inclinables, la clim, des toilettes… le grand luxe! Si j’avais su j’aurais moins bien dormi la nuit précédente ;) L’arrivée à Chiclayo me décide définitivement: des ruines il y en a aussi à Trujillo (ma prochaine étape prévue) et j’ai pas envie de payer une nuit d’hôtel juste pour ça. En plus ça fait au moins 5 ou 6 fois que je rembarre les chauffeurs de taxi, et j’ai faim. Néanmoins il faut que je change de terminal de bus (chaque compagnie a son propre terminal) et évidemment il est à l’autre bout de la ville. Ville qui est au milieu du désert, donc. Comme j’ai ma fierté, il est hors de question que je prenne un taxi - j’ai qu’à me dire que je suis sous la douche froide de ce matin…
Après avoir demandé ma route à un policier et une vieille dame (mes deux
personnes préférées pour demander de l’aide), je suis au terminal de bus, je
m’achète un ticket pour le bus de 14h, ce qui - comble du luxe - me laisse le
temps de déjeuner à la gargotte d’en face. C’est reparti pour 5 heures de bus.
C’est joli, le désert, mais au bout d’un moment ça finit par être un peu
lassant.
Lorsque le soleil se couche, on arrive enfin à Trujillo. Je prends un taxi (qui essaiera de m’arnaquer ensuite, évidemment) avec un Autrichien rencontré à Piura que j’ai retrouvé par hasard à Chiclayo, et à 20h je suis arrivé à Huanchaco, une petite ville au bord de la mer à 15 kilomètres de Trujillo. C’est un village de pêcheurs où il y a beaucoup de surfeurs de novembre à avril, donc a priori pas en ce moment. Sauf que la municipalité a organisé un concours de surf à l’occasion de la fête nationale, donc c’est surfer-winner à tous les étages, bandana dans les cheveux et vas-y-que-je-suis-un-mec-trop- cool-avec-mon-baggy-et-mon-tshirt-Bob-Marley.
On verra ce que ça donne demain!
Même si l’abri de ta nuit est peu sûr
et ton but encore lointain
sache qu’il n’existe pas
de chemin sans terme
Ne sois pas triste (Hafez, poète iranien - piqué à Nicolas Bouvier, encore
une fois)
NDLR: contrairement aux épisodes précédents, il y a beaucoup de texte et peu de photos, mais il faut de tout pour faire un monde!