Dimanche 10 juillet.
Il pleut toujours à Baños, mais j’ai mon billet en poche pour rejoindre Guayaquil - la plus grande ville de l’Équateur. La compagnie annonce 6 heures de trajet. C’est tout à fait correct sachant que les locaux m’ont dit 5 bonnes heures depuis Ambato, la ville la plus proche qui sert plus ou moins d’échangeur de bus.
Ce qui devrait être une formalité va vite se transformer en calvaire. À peine sorti de Baños, le bus oblique sur la gauche et prend un petit chemin de montagne, plutôt tortueux et surtout plein de boue. À droite le ravin, à gauche de l’eau qui coule le long de la falaise (qui a pas l’air très très stable), et au milieu des cailloux sur 2m50 de large avec par dessus, le bus. Qui dérape régulièrement au grand plaisir du pilote qui a l’air de bien s’amuser. J’avais lu dans un dépliant touristique “en cas de pluies violentes, des torrents de boue peuvent se former - dans ce cas, évitez de quitter la ville”. Ca fait 4 jours qu’il pleut.
Tout va bien, je vais bien.
40 minutes plus tard, on arrive en haut. Vivants. Mais le problème c’est qu’il y a un pont à passer, et il est clairement trop étroit pour le bus (et sûrement pas assez résistant de toute façon). Comment faire? Et bien, demi- tour, pardi!
Bien bien bien. Jesus es mi pastor, nada me faltara . (Jésus est mon berger, je ne manquerai de rien - la devise favorite des chauffeurs de bus, généralement écrite en grosses lettres sur le tableau de bord).
Notre Fangio gère le demi-tour en moins de temps qu’il n’en faut pour que ma voisine finisse sa prière, et nous voilà repartis dans l’autre sens. En plus maintenant y’a d’autres voitures qui montent alors il faut laisser la place pour se croiser… Là encore, miraculeusement, ça passe - on finirait presque par s’y faire.
La suite du voyage fut une formalité. Cette petite escapade nous ayant mis en retard, ça fait une raison de plus pour doubler n’importe comment. Pour ça de toute façon il y a pas le choix - si c’est pas ton bus qui double sans visibilité, un autre le fera, donc tant qu’à faire… Après 6 heures de trajet, on est sortis de la sierra , la route est bordée de bananeraies, et il fait beaucoup plus chaud et humide. La nuit tombe, j’ai vu les 4 Fast and Furious de suite en espagnol sur la télé pourrie avec le son qui sature, le bus n’a que des veilleuses et des phares antibrouillard, ça serait bien qu’on arrive.
Et enfin, à 20h - soit avec à peine une heure de retard sur l’horaire prévu - me voilà à la gare de bus de Guayaquil. Un coup de taxi, et hop, à moi la chambre d’hôtel et sa douche froide!
PS culture et confiture: l’Équateur est composé de 3 “zones” principales:
- la costa (le long de la côte, à l’ouest): climat chaud et humide. C’est là qu’on fait pousser les bananes, dont l’Équateur est le premier exportateur au monde.
- la sierra (les montagnes, au milieu): climat tempéré voire frais. Quito, Otavalo, Baños, Cuenca sont dans la sierra.
- la selva (la jungle, à l’est): climat amazonien, très chaud et très humide. Zone 3 pour le paludisme.