Joli proverbe yiddish, n’est-ce pas?
Pour faire un titre original, j’avoue que j’ai hĂ©sitĂ© avec Alfred Döblin, “Le monde est fait de sucre et de poussière”, que je trouve assez chouette aussi. Bref. Après la petite encartade carnavalesque d’Oruro, me voilĂ Ă Sucre, capitale officielle de la Bolivie.
Le trajet de nuit fut une fois de plus improbable - on s’est arrĂŞtĂ©s au milieu
de la nuit en pleine cambrousse Ă cĂ´tĂ© d’un minivan pour charger des paquets
dans notre bus, et au petit matin la brigade des narcotiques a entrepris de
vĂ©rifier l’identitĂ© de tous les passagers (sans vĂ©rifier leurs bagages, sinon
quel intĂ©rĂŞt, franchement). La jeune fille avec la mitraillette qui m’a
contrĂ´lĂ© m’a demandĂ© quel travail je faisais dans mon pays - et après que je
lui ai marmonné un vague titre pompeux, elle a probablement décidé que je
n’Ă©tais pas un trafiquant. Enfin, pour moi c’est toujours rigolo de voir les
stups dans un bus où plus de la 2/3 des passagers ont passé la nuit à mâcher
de la coca (qui, rappelons-le, n’est pas illĂ©gale ici tant qu’elle n’est pas
raffinée). Je suis finalement arrivé à destination avec à peine 2 heures de
retard, ce qui n’est pas une mauvaise performance.
Sucre est une jolie ville coloniale qui est aussi la capitale
constitutionnelle de la Bolivie. Pour les fĂ©rus d’histoire, c’est lĂ qu’a Ă©tĂ©
dĂ©clarĂ©e l’indĂ©pendance de la Bolivie, et elle a Ă©tĂ© le centre Ă©conomique,
judiciaire, culturel et religieux du pays notamment de par sa proximité avec
Potosà et ses mines, abondantes en argent et minéraux. Lorsque les ressources
naturelles de ces dernières ont commencé à se tarir, une guerre civile a
éclaté entre La Paz (libéraux) et Sucre (conservateurs), les libéraux ont
gagné et le gouvernement a été transféré à La Paz - fin du résumé historique.
Tout ceci fait qu’il y a un sacrĂ© paquet d’architecture coloniale dans la ville, et qu’elle est parfois surnommĂ©e la ville blanche (Ă ne pas confondre avec la ville blanche du PĂ©rou qui est Arequipa, bien sĂ»r - pas très imaginatifs ces sud-amĂ©ricains). C’est un endroit oĂą il fait bon vivre - Ă seulement 2700m d’altitude, le climat y est plus que tempĂ©rĂ© par rapport au reste de l’altiplano. Les gens sont relax, les restos assez bons, et les filles plutĂ´t jolies, ce qui ne gâche rien. Du coup je n’y ai pas fait grand chose de spĂ©cial, Ă part flâner dans les rues et prendre le soleil dans les parcs.
J’ai quand mĂŞme visitĂ© l’attrape-touristes du coin: un parc oĂą l’on peut apercevoir des traces que des dinosaures auraient laissĂ© dans la boue il y a plusieurs millions d’annĂ©es. Les traces sont dans une carrière de ciment, Ă observer depuis un musĂ©e situĂ© Ă une centaine de mètres en face et rempli de statues de dinosaures en plastique, ce qui donne l’impression d’ĂŞtre dans une reconstitution cheap de Jurassic Park. Je commence Ă croire qu’aller au musĂ©e en Bolivie, c’est un peu comme discuter avec un mormon: c’est rigolo au dĂ©but mais on s’ennuie assez vite. Enfin, le paysage Ă©tait joli quand mĂŞme.
Et si je suis restĂ© aussi longtemps Ă Sucre, c’est parce que j’ai dĂ©cidĂ© que je rejoindrais PotosĂ, ma prochaine Ă©tape, avec un moyen de transport un peu particulier: j’ai nommĂ© le bus-carril , un bus qui roule sur une voie de train dĂ©saffectĂ©e seulement trois fois par semaine… La suite au prochain Ă©pisode ;-)