🇧🇴Le sucre ne sert à rien quand c'est le sel qui manque

Joli proverbe yiddish, n’est-ce pas?

Pour faire un titre original, j’avoue que j’ai hĂ©sitĂ© avec Alfred Döblin, “Le monde est fait de sucre et de poussière”, que je trouve assez chouette aussi. Bref. Après la petite encartade carnavalesque d’Oruro, me voilĂ  Ă  Sucre, capitale officielle de la Bolivie.

p8300697.jpg Le trajet de nuit fut une fois de plus improbable - on s’est arrĂŞtĂ©s au milieu de la nuit en pleine cambrousse Ă  cĂ´tĂ© d’un minivan pour charger des paquets dans notre bus, et au petit matin la brigade des narcotiques a entrepris de vĂ©rifier l’identitĂ© de tous les passagers (sans vĂ©rifier leurs bagages, sinon quel intĂ©rĂŞt, franchement). La jeune fille avec la mitraillette qui m’a contrĂ´lĂ© m’a demandĂ© quel travail je faisais dans mon pays - et après que je lui ai marmonnĂ© un vague titre pompeux, elle a probablement dĂ©cidĂ© que je n’Ă©tais pas un trafiquant. Enfin, pour moi c’est toujours rigolo de voir les stups dans un bus oĂą plus de la 2/3 des passagers ont passĂ© la nuit Ă  mâcher de la coca (qui, rappelons-le, n’est pas illĂ©gale ici tant qu’elle n’est pas raffinĂ©e). Je suis finalement arrivĂ© Ă  destination avec Ă  peine 2 heures de retard, ce qui n’est pas une mauvaise performance.

p9010743.jpg Sucre est une jolie ville coloniale qui est aussi la capitale constitutionnelle de la Bolivie. Pour les fĂ©rus d’histoire, c’est lĂ  qu’a Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©e l’indĂ©pendance de la Bolivie, et elle a Ă©tĂ© le centre Ă©conomique, judiciaire, culturel et religieux du pays notamment de par sa proximitĂ© avec PotosĂ­ et ses mines, abondantes en argent et minĂ©raux. Lorsque les ressources naturelles de ces dernières ont commencĂ© Ă  se tarir, une guerre civile a Ă©clatĂ© entre La Paz (libĂ©raux) et Sucre (conservateurs), les libĂ©raux ont gagnĂ© et le gouvernement a Ă©tĂ© transfĂ©rĂ© Ă  La Paz - fin du rĂ©sumĂ© historique.

Tout ceci fait qu’il y a un sacrĂ© paquet d’architecture coloniale dans la ville, et qu’elle est parfois surnommĂ©e la ville blanche (Ă  ne pas confondre avec la ville blanche du PĂ©rou qui est Arequipa, bien sĂ»r - pas très imaginatifs ces sud-amĂ©ricains). C’est un endroit oĂą il fait bon vivre - Ă  seulement 2700m d’altitude, le climat y est plus que tempĂ©rĂ© par rapport au reste de l’altiplano. Les gens sont relax, les restos assez bons, et les filles plutĂ´t jolies, ce qui ne gâche rien. Du coup je n’y ai pas fait grand chose de spĂ©cial, Ă  part flâner dans les rues et prendre le soleil dans les parcs.

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J’ai quand mĂŞme visitĂ© l’attrape-touristes du coin: un parc oĂą l’on peut apercevoir des traces que des dinosaures auraient laissĂ© dans la boue il y a plusieurs millions d’annĂ©es. Les traces sont dans une carrière de ciment, Ă  observer depuis un musĂ©e situĂ© Ă  une centaine de mètres en face et rempli de statues de dinosaures en plastique, ce qui donne l’impression d’ĂŞtre dans une reconstitution cheap de Jurassic Park. Je commence Ă  croire qu’aller au musĂ©e en Bolivie, c’est un peu comme discuter avec un mormon: c’est rigolo au dĂ©but mais on s’ennuie assez vite. Enfin, le paysage Ă©tait joli quand mĂŞme.

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Et si je suis restĂ© aussi longtemps Ă  Sucre, c’est parce que j’ai dĂ©cidĂ© que je rejoindrais PotosĂ­, ma prochaine Ă©tape, avec un moyen de transport un peu particulier: j’ai nommĂ© le bus-carril , un bus qui roule sur une voie de train dĂ©saffectĂ©e seulement trois fois par semaine… La suite au prochain Ă©pisode ;-)