Le Canyon de Colca, situé à environ 200 kilomètres d’Arequipa, est le deuxième canyon le plus profond du monde (plus de 3100m de dénivelé, soit deux fois plus que le Grand Canyon).
Pour me changer les idées et respirer un peu d’air pur, je suis parti y faire un trek de quelques jours.
Beaucoup d’agences proposent des packs “tout compris” (ou presque) depuis Arequipa… mais les tours organisés, ce n’est pas vraiment mon truc. Je n’aime pas qu’on me dise quand je dois faire pipi, prendre une photo ou dormir. J’ai donc décidé d’y aller tout seul comme un grand, surtout que beaucoup de gens m’ont dit que c’était relativement facile à faire en indépendant. Je me concocte donc un petit programme sur 2 jours: descente dans le canyon jusqu’au Rio Colca et remontée jusqu’à Tapay le premier jour, et descente jusqu’à une oasis et remontée sur Cabanaconde le deuxième jour. Et pour finir, le troisième jour, un arrêt à l’observatoire des condors et retour sur Arequipa.
Je mets donc mon réveil très tôt et je file à la gare routière prendre le bus pour Cabanaconde, à six bonnes heures de bus d’Arequipa. J’ai du mal à garder les yeux ouverts mais le paysage m’aide à rester éveillé…
Une fois arrivé, j’avale vite fait un déjeuner et vers midi j’entame la descente vers San Juan de Chuccho. C’est franchement pas très difficile, même s’il fait très chaud. Je marche tranquillou sur mon chemin, la montagne pour moi tout seul, et la vue est au rendez-vous…
J’arrive au Rio Colca en milieu d’après-midi. L’occasion de se tremper les pieds et les mains dans l’eau fraîche, ça fait du bien :)
Malheureusement, je n’ai pas trop le temps de me reposer sur mes lauriers, vu que j’ai l’intention de dormir à Tapay, 800 mètres plus haut… et que je n’ai pas l’intention de marcher de nuit! Cette montée sera beaucoup plus difficile que je ne pensais, surtout que je n’ai pas trouvé d’endroit pour acheter de l’eau… Je me retrouve à sec au milieu de la montée. Après avoir discuté avec deux trois locaux (qui eux galopent sur le chemin en tongs en tapant la discute) je me retrouve chez un apiculteur qui, après moult palabres, finit par transvaser d’un bidon douteux un peu d’eau dans ma bouteille… Je ne sais pas de quelle source vient son “eau pure”, mais elle avait quand même un goût bizarre.
Vers 17h15, alors que le soleil commence à sérieusement décliner, j’aperçois enfin au détour d’un virage l’arrivée tant espérée: Tapay, 2850m d’altitude et 70 habitants. Du coup ce n’est pas très dur de trouver où dormir vu qu’il n’y a qu’une seule auberge qui loue des petites cabines… Tout confort, douche (chaude!) et toilettes dans le poulailler à 50m des bungalows (et au vu de la température extérieure la nuit, vaut mieux s’assurer qu’on a la vessie vide avant d’aller se coucher, si vous voyez ce que je veux dire). Comme j’ai vu plein de petits lamas tous mignons sur la route, je prends un steak d’alpaca au dîner, et à 21h je suis couché. Je suis censé être seul dans mon bungalow, mais je dois quand même le partager avec une souris qui semble en vouloir à mes biscuits - ça me rappelle des souvenirs d’Amsterdam :)
Le lendemain matin, après un thé de coca, c’est reparti pour la descente
jusqu’à l’oasis de Sangalle, en passant par Cosñirhua et Malata. Le chemin est
un peu caillouteux et ça glisse pas mal, ce qui ne semble pas gêner les locaux
qui se montent une bétonneuse à bout de bras… Vers 11h, je suis à Sangalle -
un petit village en bas du canyon, où tous les hôtels/restaurants ont une
piscine alimentée par l’eau de la montagne.
Idéal pour se reposer un peu. Un plongeon et un autre steak d’alpaca plus tard, je repars pour la longue montée pour rentrer sur Cabanaconde. Je suis parti vers 15h pour ne pas avoir trop chaud, mais c’est quand même 1000m de dénivelé et les jambes commencent à tirer… J’arrive à Cabanaconde juste à la tombée de la nuit.
Le lendemain matin, je prends le bus de 6h30 pour Cruz del Condor , une
sorte d’observatoire où il est très courant de voir les condors. Alors
effectivement j’en ai vu pas mal, mais j’ai surtout vu des paquets de
touristes arriver en masse et se comporter comme des vrais abrutis (il faut
savoir que le coin est très touristique et malheureusement beaucoup fréquenté
par des Français, ceci explique cela…). Vu le nombre de meurtres que j’ai eu
envie de commettre pendant ces 2 heures, je suis bien content de ne pas avoir
pris de tour organisé, du coup.
Je profite de la pression touristique et de l’affluence des vendeurs locaux pour m’essayer au portrait même si ce n’est pas ce que je maîtrise le plus :)
Je me bénis mille fois d’avoir acheté mon ticket de bus la veille en préventif, vu que le bus est absolument bondé, et après un bon paquet d’heures (je ne me rappelle plus très bien mais 6 ou 7) je suis de retour à Arequipa. Courbaturé, mais content :)