Après Asuncion et son esprit grande ville, je file à Encarnacion, au sud du pays, et toujours à la frontière argentine.
Encarnacion est appelée la “perle du sud” du Paraguay, car il paraît qu’il y fait bon vivre même si c’est la deuxième ville du pays. L’attraction principale est la possibilité de visiter les ruines d’anciennes missions jésuites, à quelques dizaines de kilomètres aux alentours.
Première
étape: Trinidad, la mission la plus facile d’accès. Pas très compliqué, il
suffit d’aller à la gare de bus et de prendre un bus pour “Trinidad”. Le
problème étant de savoir quand il faut descendre, mais heureusement il y a des
Paraguayens sympa dans le bus qui me font signe quand il faut descendre. La
mission est un bout d’une route qui traverse un petit village: par rapport à
l’Argentine que j’ai vu jusqu’à maintenant, je me sens vraiment ailleurs.
Chemins en poussière rouge, végétation semi-tropicale, chaleur accablante…
même les locaux sont différents (le Paraguay est un des pays d’Amérique du Sud
où les populations indigènes sont les plus visibles). J’ai jamais été au
Brésil, mais c’est à peu près l’idée que je m’en fais. :)
La mission en elle-même est aussi impressionnante. Fondée en 1706, elle a compté à son apogée plus de 3000 habitants, qui étaient des indigènes guaranis recrutés par les missionnaires. Elle a été construite comme un petit village, capable de survivre en auto-suffisance: un temple, une église, des logements, des ateliers, des champs… et même un campanile en hauteur pour communiquer avec les autres missions situées autour (parfois à plusieurs dizaines de kilomètres). La mission de Trinidad est considérée comme une des mieux conservées et est au patrimoine mondial de l’Humanité.
Après avoir fait ma petite visite, je décide de me diriger vers la deuxième mission - celle de Jésus de Tavarangué. La dame de l’accueil me dit que c’est facile d’y aller: je marche sur la route princnipale jusqu’à la station- service, et là j’attends le bus - ou je prends un taxi. Aussitôt dit, aussitôt fait, en quelques minutes je suis à l’endroit en question, prêt à grimper dans le premier bus qui passe.
Une heure après, il y a toujours pas de bus qui est passé. Je demande au pompiste qui me répond évasivement qu’il faudrait mieux pas que je compte trop sur le bus, et que je peux toujours prendre un taxi, vu qu’il y a une “station de taxis” juste en face. Il faut juste que je trouve le chauffeur de taxi qui va avec la voiture, et vu qu’il y a personne aux alentours c’est quand même pas gagné… J’ai rencontré il y a quelques jours des gens qui m’avaient dit qu’ils avaient fait du stop pour y aller, alors je décide de tenter ma chance. J’attends qu’une voiture passe, pas trop pourrie et avec des gens qui ont une bonne tête, et je lève la main. Du coup je me retrouve avec deux Allemands hilares que mon histoire fait bien rire: Así es Paraguay , qu’ils me disent avec un accent germanique fort cocasse. Il se trouve qu’en fait ils habitent dans le coin depuis 8 ans, et sont témoins de Jéhovah… Bougrediou, j’ai eu peur qu’ils tentent de m’embrigader pendant le trajet mais en fait même pas (ils sont même plutôt gentils). Et ils me disent qu’ils feront le même trajet dans le sens inverse deux heures plus tard, “au cas où j’aurais des problèmes à retourner sur la route principale”.
Alors après j’ai visité les ruines de la mission de Jésus, et j’ai compris pourquoi ils disent que celle de Trinidad est la mieux conservée… il n’en reste pas grand chose, donc j’en fais vite le tour. Du coup je peux prendre des photos débiles, profiter de l’extrême tranquillité du village de Tavarangué et de l’ombre de son “terminal de bus”…
En
parlant de bus, tout le monde me dit qu’il y a un bus qui part à 16h pour
retourner à la station-service. Et effectivement, un vieux machin pourri se
pointe à 16h15. Donc je monte dedans, je discute un peu avec le chauffeur qui
parle surtout guarani et un peu espagnol, qui m’assure que pas de problèmes il
va jusqu’à la route principale. Et un kilomètre après, il tourne dans un champ
et m’arrête là en me disant que peut-être je devrais pouvoir prendre un
autre bus pour ma destination. Gnngnn… Une grosse demi-heure plus tard il y
a toujours aucun véhicule qui est passé, et alors que je commençais à
sérieusement m’inquiéter, je retrouve les témoins de Jéhovah qui font le
chemin en sens inverse. Ouf! Je m’en sors plutôt bien, et en plus j’ai de la
lecture pour la route (la Tour de Garde, leur fameux magazine de propagande
biblique).
Arrivé
sur la grande route, j’ai bon espoir pour rentrer sur Encarnacion mais les bus
ne sont pas légion, contrairement à ce qu’on m’avait indiqué… En désespoir
de cause j’arrête un bus de ramassage scolaire, qui accepte de me prendre et
de me ramener dans le centre. Après une petite heure au milieu de lycéens qui
font tourner le terere (c’est comme le maté argentin, mais avec de l’eau
glacée à la place de l’eau chaude), j’arrive finalement à Encarnacion, où un
étudiant dans la rue me propose d’aller à un concert de hard metal le week end
suivant. Vu qu’on est mardi, ça me semble quelque peu compromis, donc je
décline poliment l’invitation, et je rentre à mon hôtel. Quelle aventure :)