Après mes péripéties à la frontière, je suis finalement arrivé dans la région que les Urugayens appellent El Interio r: le centre du pays, là où les gauchos et les élevages de bovins qui vont avec sont légion.
Il n’y a pas de bus direct donc depuis Salto je prends un bus pour une ville un peu plus au sud appelée Paysandu. Une fois arrivé là bas, je découvre une autre réalité. Contrairement à Salto (deuxième ville du pays, assez étudiante), les habitants se baladent en bottes et en Stetson, et n’ont pas vraiment l’air d’être des rigolos… Je prends un autre bus pour Tacuarembó - ma destination finale. Sur la route, ce ne sont que pâturages et vaches à perte de vue… que je ne verrai malheureusement que sous la pluie.
À Tacuarembó c’est encore plus flagrant. C’est une petit ville qui respire la
campagne, et où je retrouve certains comportements que je n’avais plus vu
depuis le Pérou: on me dévisage curieusement dans la rue, les hommes sifflent
toutes les filles qui passent (éventuellement en rajoutant quelques
commentaires bien gras) et dans l’ensemble ce n’est pas vraiment fait pour le
tourisme: le seul musée de la ville expose une collection de cailloux et de
selles de cheval tellement ridicule que ça en est en fait franchement
hilarant. Je dors chez un CouchSurfer très sympathique qui vient de Montevideo
et m’avoue ne pas avoir vraiment trouvé sa place ici même s’il y habite depuis
plusieurs années. Le fait qu’il soit homosexuel (décidément) et cultivé
m’arrange probablement pas les choses… :)
On discutera beaucoup de l’Uruguay et de la situation politique. Parfois
appelé la Suisse de l’Amérique du Sud, c’est un pays assez en avance
socialement: entre autres choses, les femmes ont obtenu le droit de vote en
1932 (c’est a dire avant la France) et plus de 30% de la population se déclare
ouvertement athéiste, une bizarrerie sur ce continent. Le pays a aussi donné
naissance Eduardo Galeano, auteur du mythique Las Venas Abiertas de América
Latina (Les Veines Ouvertes de l’Amérique Latine), essai qui décrit par le
menu l’histoire du pillage des ressources naturelles du continent - d’abord au
temps de la colonisation puis plus récemment par les états impérialistes. J’ai
aussi appris que le cépage national est le raisin Tannat. Originaire de la
région de Madiran, il a été importé en Uruguay où il est maintenant plus
cultivé qu’en France - c’est maintenant une appellation d’origine contrôlée et
une fierté nationale.
Malgré toutes ces conversations, il n’y a pas tant de choses à faire et on s’ennuie assez vite dans le coin. Il est temps de mettre le cap sur la capitale Montevideo…