Me voilà de nouveau à l’aéroport de Santiago, prêt à rejoindre le territoire habité le plus éloigné de tout: l’île de Pâques.
C’est de nouveau un bel extra, mais finalement je suis à côté et ça serait dommage de ne pas en profiter! ;)
À l’arrivée à l’aéroport, c’est le choc: bienvenue en Polynésie. Tahiti n’est en effet plus qu’à 5 heures d’avion, et il fait bien chaud et lourd. Notre hôte nous accueille à l’aéroport avec le traditionnel collier de fleurs avant de nous emmener jusqu’à notre bungalow.
Première balade: il y a un moai juste en bas de l’hôtel, et plusieurs ahu sur le chemin de la ville principale… Tout est très calme et on se sent bien. C’est définitivement un endroit très spécial.
On décide de faire l’impasse sur la visite avec un guide, et on investit à la place dans la location d’un 4x4 très local: un Jimmy gris métal, qui a déjà un peu vécu mais qui fera très bien l’affaire… la route la plus longue fait à peine 35 kilomètres.
Pendant 3 jours nous avons donc parcouru l’île en long (via les deux seules routes goudronnées), et surtout en large et en travers sur les chemins de terre (ou de boue quand il pleut). Ce serait dur de tout décrire en détail mais les grands classiques y sont passés: Hanga Roa, Tongariki, Taharoa, la plage d’Anakena, le volcan Rano Kau et son lac intérieur aux couleurs magiques, la “carrière” où sont encore à moitié ensevelis des centaines de moai - là encore accolée au Rano Raraku, avec sa lagune et ses chevaux sauvages… Lever de soleil, coucher de soleil, exploration la journée - une semaine bien remplie. Place aux photos!
Comme je suis très en retard sur le blog (haha), le tri a été rapide et pas très exhaustif. Bon allez, un dernier coucher de soleil, un petit moai à l’aéroport et dans l’avion pour le retour sur le continent!
La culture Rapa Nui
Rapa Nui est une île très singulière, que personne ne connaît vraiment. L’histoire de son peuplement initial est très floue: peut être des marins de Tahiti? ou de Nouvelle Zélande? Une chose est sûre: de nombreux éléments de la culture sont polynésiens (pirogues à balancier, symbolique des animaux, etc).
Il paraît qu’il fut un temps où la civilisation Rapa Nui était très puissante. Riche en bois et autres ressources naturelles, les clans / familles de l’île ont commencé à construire des statues pour “attirer le bon oeil” et se protéger des éléments: les fameux moai. Là aussi, l’histoire est incomplète: taillés à même la pierre dans un cratère de volcan, les statues (pesant quelques tonnes pour les plus grosses) étaient transportées jusqu’aux lieux de culte, parfois distants de plusieurs kilomètres. Nul ne sait comment, mais il y a de nombreux débats sur la méthode qui a été utilisée. Ma préférée est la version des locaux: c’est tout simplement le mana qui déplaçait les statues. C’est le côté magique de Rapa Nui: comme au cirque, il vaut peut être mieux ne pas connaître le truc pour que ça fasse vraiment son effet :)
Bref - après cette période florissante, il semblerait que les ressources naturelles se soient taries. Les familles auraient alors commencé à se chercher des poux - et vas y que je te renverse tes moai comme ça t’auras plus de mana (ce qui explique - entre autres - pourquoi un grand nombre de moai ont été découverts couchés).
Pour essayer de remettre les choses à plat, il semblerait que les grands esprits Rapa Nui ont légèrement adapté les croyances, et ont introduit l’homme-oiseau. C’est un habitant de l’île choisi par le dieu Makemake qui apporte fertilité et qui est aussi le créateur de l’humanité. Le mode de sélection était plutôt marrant: à une certaine période, les jeunes mâles devaient rejoindre à la nage un des îlots voisins pour y récupérer un oeuf d’oiseau, et le ramener sur l’île en grimpant une falaise. Le premier qui revient avec un oeuf entier a gagné, et devient l’homme-oiseau. Il se retrouve isolé dans un volcan pendant un an et personne ne peut le toucher, à part son auxiliaire de vie personnel qui le nourrit, le lave, et tout ça. Curieux, n’est ce pas. L’arrivée du catholicisme a ensuite fait disparaitre beaucoup de ces croyances, même si certaines d’entre elles se retrouvent parfois dans les églises :)
Sans trop qu’on sache pourquoi, la culture insulaire a quasiment disparu au début du XXè siècle. Un tsunami a ravagé l’île dans les années 60, et beaucoup de travaux de restauration ont été entrepris sur les sites de Rapa Nui… Mais l’endroit est loin d’avoir livré tous ses secrets!
Un petit dictionnaire
- Moai : la fameuse “statue” typique de Rapa Nui
- Ahu : espace de ‘culte’ où il y a généralement un ou plusieurs moai, délimité par des petites pierres au sol
- Mana : “pouvoir” catalysé dans et autour des moai et des ahu
- Tabu ou tapu : tout ce qui endommage le mana, et qui est formellement interdit. En gros, on se tient bien près des ahu: on ne marche pas dessus, on ne boit pas d’alcool et on ne mange pas à proximité.