🇨🇴Cabo de la Vela & La Guajira

En route pour le Cabo de la Vela, dans la péninsule de la Guajira.

C’est une rĂ©gion un peu Ă  part - elle est toujours habitĂ©e par les Wayuu , un peuple indigène qui s’Ă©tend des deux cĂ´tĂ©s de la frontière entre la Colombie et le VĂ©nĂ©zuela. Je suis prĂ©venu: ce n’est pas un voyage facile, mais le jeu en vaut la chandelle.

pc063812.jpg L’aventure commence par quelques heures de bus jusqu’Ă  la ville de Riohacha, oĂą on passe une première nuit. RĂ©veil très matinal pour trouver un moyen de transport jusqu’Ă  la prochaine Ă©tape. On monte dans un taxi collectif qui nous emmène d’abord jusqu’Ă  Cuatro Vias - comme son nom l’indique, Ă  cet endroit deux routes se croisent (et forment quatre voies). Tout autour c’est le dĂ©sert, traversĂ© par quelques pistes et une voie ferrĂ©e pour la mine de charbon voisine. Les gens s’Ă©changent des chèvres et des Ă©choppes de fortune vendent Ă  boire et Ă  manger (mais pas du très appĂ©tissant Ă  6h du matin…).

Après un autre voyage en taxi on arrive Ă  Uribia, une ville plutĂ´t spĂ©ciale et “haute en couleurs”. On trouve un pick-up qui va au Cabo de la Vela. Certains habitants font en effet la route tous les jours pour acheter et vendre des produits au marchĂ© - on attend que le 4x4 soit plein pour partir… Petit Ă  petit la benne se remplit: du sucre, du ciment, de l’eau, de la glace, 14 personnes et tout un tas d’autres choses - après plusieurs heures d’attente, on se met en route.

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Ça secoue pas mal, il fait chaud, le conducteur s’arrĂŞte pour s’offrir un petit plongeon dans un trou d’eau au bord de la route… mais après 3h et quelques de piste au milieu du dĂ©sert, on finit enfin par arriver. Le village est comme dĂ©crit dans les guides: quelques cabanes en bois et en tĂ´le entre le dĂ©sert et la mer des CaraĂŻbes. Pas d’Ă©lectricitĂ© ni d’eau courante et tout le monde se connait. On sympathise en route avec un photographe italien qui fait un reportage dans la rĂ©gion et a quelques contacts sur place, et on s’installe dans notre “chambre”: un hamac sur la plage… Les affaires sont cachĂ©es dans le sac Ă  dos plus ou moins surveillĂ© par la vieille dame Ă  qui appartient la hutte; il y a beaucoup de moustiques la nuit mais les rĂ©veils sont magiques avec vue sur la mer et le soleil qui brille.

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Après deux nuits je dĂ©cide mĂŞme de prolonger mon sĂ©jour: Ă  part Carthagène des Indes je n’ai plus le temps de voir grand chose d’autre en Colombie donc autant profiter de ce que j’ai maintenant (entre autres manger de la langouste fraĂ®chement pĂŞchĂ©e en regardant le soleil couchant sur la plage, hin hin). J’en profite aussi pour faire une balade au Pilon de Azucar , une formation rocheuse Ă  quelques heures de marche. Elle est sacrĂ©e pour les indigènes qui habitent ici, et il y a aussi une superbe plage avec de l’eau turquoise…

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L’endroit est vraiment spĂ©cial mais n’a pas encore souffert du tourisme de masse: il y a en tout et pour tout 5 touristes dans le village. Il faut dire que les infrastructures ne sont pas très dĂ©veloppĂ©es, et que la rĂ©gion est plutĂ´t mal famĂ©e. Juste Ă  cĂ´tĂ© c’est le VĂ©nĂ©zuela, et lĂ -bas le prix de l’essence est rĂ©gulĂ© par l’État qui la vend Ă  perte - une mesure “sociale” instaurĂ©e par Chavez. Un litre d’essence standard y vaut Ă  peine 3 centimes d’euros: inutile de dire qu’un certain nombre de Wayuu vivent de la contrebande d’essence, bien plus lucrative que l’Ă©levage de chèvres… La Guajira et son dĂ©sert inhospitalier sont aussi de premier choix pour les guerrilleros qui apprĂ©cient les endroits reculĂ©s. L’État colombien dit que la rĂ©gion a Ă©tĂ© nettoyĂ©e, mais les locaux disent qu’ils sont toujours prĂ©sents.

Bref, après quelques jours du rĂ©gime hamac-tongs-poisson grillĂ©-baignade-bière il est temps de revenir Ă  la rĂ©alitĂ©: un conducteur retourne Ă  Santa Marta le lendemain Ă  9h - ce qui sera beaucoup mieux que de partir Ă  4h du mat’ avec le pick-up qui va au marchĂ©. MarchĂ© conclu!

Sur le chemin des militaires nous arrĂŞtent. Tiens, tiens, leurs uniformes n’ont pas le drapeau colombien classique… et ils portent des kalachnikovs… et ils ont 16 ans Ă  tout casser… et le conducteur leur donne des gâteaux et de l’eau. Ce mĂŞme conducteur nous explique que “ce sont des militaires spĂ©ciaux qui s’occupent de la sĂ©curitĂ© de la rĂ©gion - si on est gentils avec eux ils sont gentils avec nous”. Il change vite de sujet et propose de nous joindre aux autres passagers qui vont faire une balade touristique de plusieurs heures Ă  base de flamants roses dans un lac. Pfeuh - J’en ai dĂ©jĂ  vu un paquet; et lĂ  ce dont j’ai envie c’est de rentrer le plus vite possible pour prendre une bonne douche… Je profite de la pause dĂ©jeuner pour monter dans un bus Ă  la place.

Pas de bol, le bus en question tombe en panne Ă  50 kilomètres de l’arrivĂ©e… Heureusement, un autre bus passe une demi-heure plus tard et notre conducteur nĂ©gocie notre transbordement. J’arrive Ă  Santa Marta en fin de journĂ©e, juste Ă  temps pour sauter dans la piscine et finalement prendre la douche dont je rĂŞve depuis quelques jours dĂ©jĂ  :) Une très chouette expĂ©rience, peut-ĂŞtre mĂŞme la meilleure que j’ai eue en Colombie!

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