Après Granada, je continue dans la lancée “villes coloniales”, et après quelques heures de minibus sans histoires, j’arrive à León.
Pour la petite histoire, après que le Nicaragua a obtenu son indépendance au XIXè siècle, deux groupes principaux se disputaient le pouvoir: les conservateurs, de Granada; et les Libéraux, de León. Le conflit qui les a opposé a dégénéré en guerre civile, et pour mettre tout le monde d’accord, Managua (située juste entre les deux) est devenue la capitale en 1857. Alors, c’est sûr, Granada est plus “propre” et plus jolie (quoique lorsqu’on s’éloigne du centre touristique ça devenait un peu vilain); mais pour moi León est beaucoup plus attirante et “réelle” que Granada.
León est une ville importante dans l’histoire du Nicaragua. Ville très étudiante, ce fut aussi un des foyers de la révolution qui a embrasé le pays à la fin des années 70. Petit résumé des évènements: en 1934, le libéral Sandino est assassiné par le conservateur Somoza García, ce qui permet à ce dernier de s’installer au pouvoir en tant que dictateur à vie. En 1956, Somoza García est à son tour assassiné lors d’une réception officielle à León par un journaliste déguisé en serveur. La famille Somoza prend le relais, jusque dans les années 70, où les sandinistes (du nom du rebelle Sandino) finissent par reprendre le pouvoir après plusieurs années de “révolution”. De nombreuses fresques murales rappellent le rôle qu’a joué León durant cette période.
Ici, les gens sont très gentils, ne se soucient pas vraiment des touristes et vivent leur vie tranquillement. Il y fait chaud - torride, même - mais c’est très sec. J’ai même fini par apprécier ce petit moment où en sortant de quelque part, BOUM, la chaleur t’enveloppe, le soleil cogne fort sur la tête, même le vent est chaud et les yeux cherchent de quel côté du trottoire marcher pour trouver un coin d’ombre. Pour moi qui n’aime pas la chaleur, c’est un comble… Enfin voilà, j’ai beaucoup aimé la ville, tellement que le temps que je m’en rende compte j’y avais déjà passé une semaine! :)
J’ai aussi rencontré pas mal de gens sympa, ce qui explique sans doute celà. Notamment un gars (appelons-le l’autostoppeur allemand , puisque c’est comme ça que je l’ai appelé pendant plusieurs jours) avec lequel j’ai passé pas mal de temps à discuter et échanger des anecdotes. C’est lui qui m’a parlé de ce fameux effet vortex qui frappe parfois les voyageurs - un jour on arrive quelque part, dans un quelque part qui n’a pourtant rien d’exceptionnel; et on s’y retrouve coincé pendant des jours, des semaines, voire des mois - juste parce qu’on s’y sent bien et que l’effort à fournir pour en partir est plus grand que la facilité et le plaisir qu’on éprouve à rester (lui, par exemple, est resté bloqué dans le vortex pendant 2 mois dans une ville du Guatemala, parce qu’il n’a jamais eu le courage se réveiller de bon matin pour prendre le bus pour sa prochaine destination).
Bref - il m’a conseillé de partir avant que le vortex ne m’avale complètement… C’est pour ça que je suis parti escalader le volcan Telica et voir de la lave. À mon retour il fallait bien que je prenne une douche et que je dorme - j’ai failli me faire rattraper et m’enraciner à León mais j’ai réussi à partir pour Las Peñitas, un petit village au bord du Pacifique. Baignades, bières sur la plage et coucher de soleil au programme… Il fallait bien ça!