Sur la route de Mexico, je me suis arrêté quelques jours à Puebla chez une CouchSurfeuse très sympathique, qui s’est occupée de me faire découvrir la ville, ses environs et ses traditions sous un autre angle…
Puebla est, comme souvent au Mexique, une ville coloniale avec des églises de partout. Et une cathédrale très imposante aussi avec une chapelle entièrement recouverte de feuilles d’or, tant qu’à faire. C’est sympathique mais au bout d’un an je commence à en avoir un peu marre des bâtiments coloniaux donc je vais passer outre pour cette fois - et plutôt vous faire partager les moments culinaires dans les marchés et les petites échoppes, où on a dégusté des tacos, memelas, tortas, tostadas, pipían, moles et autres tlacoyos… Le tout souvent arrosé de bière ou de tequila, histoire de faire passer le fait que ça arrache quand même sévère.
J’ai écrasé une larme à mon premier petit déjeuner local, avec une memela bandera. Le principe: une tortilla de maïs, comme toujours, recouverte avec un tiers de sauce pimentée rouge, un tiers de quesillo (le fromage local) et un tiers de sauce pimentée verte. Du coup ça fait rouge-blanc-vert, les couleurs du drapeau mexicain (d’où le nom, bandera qui veut dire drapeau en espagnol). Premier piège: à 8h du matin l’estomac vide, ça réveille un peu fort. Deuxième piège: la sauce verte envoie vachement plus que la rouge, contrairement à ce qu’on pourrait penser. Donc toujours commencer par la verte, le reste passera tout seul. Il est aussi tentant de prendre un Coca bien frais pour essayer de calmer le truc en feu qui me sert de bouche, mais c’est inutile. Il est impossible de ressentir le goût de quoi que ce soit, et… Troisième piège: les bulles sur les lèvres brûlées au piment, ben… ça pique encore plus. Malgré tout, on s’y fait, et quand il fait chaud ça fait transpirer et donc ça rafraîchit vraiment (paradoxalement).
À côté de Puebla il y a aussi un petit village (avec plein d’églises, pour changer) qui s’appelle Cholula. Le village en tant que tel n’est pas franchement passionnant mais on y vient surtout pour la Grande Pyramide de San Pedro Cholula (avec les majuscules sinon ça fait moins classe). C’est quand même le plus grand temple-pyramide du continent - et elle est même plus grande que la pyramide de Gizeh en Égypte (au moins en volume), donc ça mérite d’être un peu expliqué… Les locaux ont construit le temple en construisant pyramide sur pyramide jusqu’à ce que ce soit bien immense. Ensuite ils se sont barrés parce qu’ils avaient des trucs à faire ailleurs, en laissant le machin en plan - et en le baptisant du doux nom de Tlachihualtepetl en langue locale (ce qui veut dire la montagne artificielle). Le temps a passé, l’herbe a poussé sur la pyramide au point de la recouvrir de végétation et là, les Espagnols sont arrivés. Bien décidés à convertir tout le monde au catholicisme, ils se sont dit que mettre une église en haut de cette belle grosse montagne serait du plus bel effet - sans soupçonner le moindre instant qu’il y avait un temple en dessous. Après, les scientifiques se sont rendus compte du truc, ont commencé à raconter l’histoire et ensuite les cars de japonais sont arrivés.
Grosso modo. En attendant, ça reste fort joli - et on a une très belle vue sur les volcans alentour!
Et finalement, je quitte - non sans regret - Puebla pour Mexico. Petit pincement au coeur - c’est mon dernier trajet interurbain en bus en Amérique Latine (et probablement en Amérique tout court, d’ailleurs). Snif…