A way out west there was a fella, fella I want to tell you about… C’est la phrase d’ouverture de mon film préféré, et elle colle très bien à la situation.
Je suis donc à Los Angeles, ville de cinéma, chez ce cher John qui a bien l’intention de me faire découvrir “son” Los Angeles. À 58 ans, il est professeur de philosophie à l’université et mène une petite vie tranquille au soleil de Californie.
Il commence par m’emmener faire un tour à Signal Hill, d’où on a une vue panoramique sur la ville. Première constatation: c’est très plat. À part en plein centre, il y a surtout des quartiers résidentiels avec des maisons de deux ou trois étages maximum. Deuxième constatation: c’est affreusement grand. Je suis à Long Beach, à peine à la périphérie de Los Angeles, mais déjà à 40 kilomètres du centre - soit une heure de voiture. Car, troisième constatation: ici on passe beaucoup de temps dans la voiture. Tout est étalé et loin - on peut rouler pendant presque 100 kilomètres du nord au sud et on est toujours dans un environnement urbain. Les gens se déplacent quasi uniquement en voiture ce qui crée des énormes bouchons chaque matin et chaque soir pendant la semaine. Bienvenue dans une des plus grandes agglomérations du monde…
Après avoir été chercher un peu de nature dans la péninsule de San Pedro, on arrive à Venice Beach. C’est une plage un peu légendaire, peuplée de hippies / marginaux / artistes / sportifs qui s’étalent et se montrent le long de la promenade piétonne qui rejoint le Santa Monica Pier un peu plus loin. C’est un mélange bizarre mais bon enfant, avec des touristes en goguette, des enterrements de vie de jeune fille, des familles, des businessmen venus déjeuner au soleil… À Venice le marché de la marijuana est florissant - si je puis dire… (c’est légal pour un usage médical en Californie). Les cabinets de médecins sont nombreux et peuvent donner des “prescriptions” pour ceux qui souffent de mal au dos / d’anxiété / de perte d’appétit. On est loin de l’Amérique pudibonde et bien-pensante…
On continue la visite avec Hollywood Boulevard, les fameuses étoiles peintes sur les trottoirs et le cortège d’artistes de rue et attrape-touristes qui va avec. John me propose de faire un détour par le bar/restaurant Hooters… Pour information, hooters ça veut plus ou moins dire nibards - le concept consiste en un endroit avec plein de serveuses physiquement intelligentes en petite tenue qui espèrent ramasser un gros pourboire. La clientèle est une fois de plus curieusement mélangée entre familles à poussette, pervers qui mate dans un coin et ados prépubères venus se rincer à l’oeil à peu de frais.
Le
soir, on se retrouve en haut d’un skyscraper pour prendre un cocktail au
champagne avec vue sur les tours… dans un espèce de lounge avec
piscine/jacuzzi et transats équipés de matelas à eau. Quelle journée… Les
jours qui ont suivi, je suis retourné profiter du soleil à Venice Beach, j’ai
oublié où j’avais garé la voiture et j’ai erré une heure pour la retrouver,
j’ai conduit au hasard dans les rues de Santa Monica et Beverly Hills pour
finir dans l’enceinte de la fameuse université UCLA, j’ai roulé sur le
mythique Mulholland Drive pour admirer la vue sur la ville, les freeways et le
fameux signe Hollywood…
Tout ça fut entrecoupé de nombreuses pauses, majoritairement dans des fast- foods, vu qu’en fait il y a quand même quasiment que ça… Du coup le _ Bacon Ultimate Cheeseburger_ de Jack in the Box a maintenant remplacé mon ancien burger favori, le Baconator de Wendy’s. Après avoir vainement tenté de manger asiatique dans des restos qui s’étaient apparemment tous donné le mot pour faire des soirées karaoke, on a fini par s’établir de manière régulière au Don’s, un tiki-bar qui sert des cocktails bien costauds pour rien du tout dans une ambiance hawaienne à quelques kilomètres à peine de Long Beach!
Je
ne m’attendais pas vraiment à apprécier à Los Angeles mais je dois avouer que
je suis tombé sous le charme. Ce n’est pas un bel endroit, ce n’est pas
forcément agréable à vivre, mais entre la conduite à fond les ballons sur le
freeway, les embouteillages, les plages désertes un peu partout, l’esprit
sea/surf/sun, les petits restos mexicains, la nature accessible si on sait où
la chercher… Une fois qu’on y a pris des repères, c’est dur d’en partir.
Mais il le faut bien: j’ai acheté de quoi manger, un lit gonflable et quelques
accessoires de survie… Il est temps de commencer le roadtrip en tant que
tel. Cap sur San Francisco…